Rapport du Président

à l'assemblée générale annuelle
tenue à Montréal le 3 juin 2001


L'an dernier, je débutais mon rapport annuel en vous disant que je croyais qu'il était le meilleur à date depuis que je suis président de RAQI. Lorsque j'ai commencé à amasser les informations pour monter mon rapport de cette année, je me disais qu'il serait difficile de battre celui d'il y a un an. Je vous laisse donc voir par vous-mêmes si les douze mois qui s'achèvent ont été bénéfiques à RAQI, à ses membres et à la radioamateur en général.

Depuis plusieurs années, les clubs membres de RAQI peuvent souscrire à une assurance responsabilité. Le montant assuré n'avait pas été revisé depuis longtemps et nous avons reconnu qu'un million de dollars n'était plus adéquat. Nous avons donc augmenté ce montant et les clubs souscripteurs sont maintenant couverts depuis cette année par une assurance responsabilité de cinq millions de dollars, et ce à un coût très abordable.

Ici, je me dois d'éclaircir un point qui m'a été soulevé à plusieurs reprises lors de mes visites dans vos clubs. Il m'est souvent demandé quelle est la couverture de cette assurance (ce qu'elle couvre). N'étant pas un assureur moi-même, voici ce que je me suis fait expliquer.

L'assurance responsabilité de votre club est similaire à celle que vous avez chez-vous. Si votre voisin vient vous visiter et il se casse le cou dans votre salon, vous êtes couvert par votre assurance responsabilité. Cependant, si vous trébuchez dans votre salon, vous n'êtes pas couvert. En clair, les non-membres de votre club ainsi que les visiteurs sont ceux qui sont couverts par cette assurance. Ainsi, si l'antenne de votre répéteur (par exemple) brise son ancrage dans la tour ou elle est installée et fait des dommages aux équipements voisins, votre club serait couvert sous réserve des exclusions de la police. Ouf!

Pour ceux qui y étaient, vous vous souvenez que lors de l'assemblée générale annuelle de l'année dernière, nous avons étudié et adopté à l'unanimité de nouveaux règlements généraux de l'association. Je crois que c'est un des événements marquants de l'année en ce sens que RAQI est maintenant mieux équipé pour faire face aux années à venir. La représentativité régionale donnera aux membres des régions un sens d'appartenance qui ne pourra qu'être bénéfique et RAQI ne passera plus pour être administrée par un petit groupe de " chums " de Montréal ou de Québec. Il est donc très important que des représentants des régions, même éloignées des grands centres, soient trouvés et qu'ils décident de s'impliquer pour le bien de notre loisir.

Certains m'ont demandé quel était le but de cette réforme des règlements de l'association. C'est bien simple. Les règlements d'alors dataient de plusieurs années et étaient très incomplets. Il fallait préciser la procédure de mise en nomination, de vote ainsi que pour l'assistance aux assemblées générales. Il y avait aussi plusieurs lacunes qui auraient pu éventuellement causer de graves problèmes à l'association. Avec les présents règlements, l'existence de RAQI est beaucoup mieux protégée et nous sommes maintenant juridiquement mieux équipés pour faire face aux genres de problèmes et d'attaques qui sont aujourd'hui monnaie courante.

Il y a maintenant près d'un an, notre coordonnateur de fréquences me remettait sa démission pour de bon. Plusieurs fois, j'avais réussi à l'en dissuader, mais cette fois, rien n'y fit. Cette tâche est des plus ingrate et nos efforts pour le remplacer n'ont pas eu de résultats. Contrairement à certaines informations tendancieuses véhiculées par quelques individus, RAQI n'est pas restée inactive dans ce dossier.

Dès que j'ai réalisé qu'il serait presque impossible de trouver un coordonnateur de fréquences, j'ai entamé des démarches pour trouver une nouvelle approche à cet épineux problème.

En octobre dernier, avec quelques autres radioamateurs, je me rendais rencontrer Industrie Canada et leur ai fait une proposition pour régler ce problème. J'ai suggéré que RAQI voit à la création d'un comité de coordination des fréquences, formé des propriétaires de répéteurs et administré par eux, sous l'égide de RAQI. J'ai demandé à Industrie Canada à ce que ce comité soit reconnu officiellement par eux et ils ont accepté. Une rencontre avec Industrie Canada est prévue en juin afin de formaliser cette entente et ensuite, une annonce sera faite des modalités de départ du comité.

Comme j'ai expliqué aux représentants d'Industrie Canada, la coordination des fréquences au Québec actuellement est un foutoir de premier ordre, causé principalement par ceux qui installent des répéteurs sans considération pour les autres. L'alternative à ma suggestion était que RAQI se serait retirée officiellement et à court terme de la coordination des fréquences avec le capharnaüm qui en aurait résulté. Le CA de RAQI a demandé à Mario Bilodeau, VE2EKL, de voir à mettre ce comité sur pied et d'en répondre au conseil d'administration. Pour ce faire, Mario a été appelé à siéger au conseil d'administration de l'association en tant que membre coopté. Je suis certain que vous aiderez tous Mario dans sa tâche.

Du coté de notre régulateur, l'année a aussi été fertile en événements significatifs. Depuis plusieurs années, chaque fois que nous rencontrions les représentants d'Industrie Canada au niveau national, nous avions des discussions au cours desquelles les radioamateurs demandaient à IC plus de muscles dans le domaine de la mise en application des lois et règlements. Nous savions depuis deux ou trois ans qu'IC était en négociation avec les provinces pour en venir à des ententes par lesquelles les provinces accepteraient d'intégrer dans leurs systèmes judiciaires respectifs, la judiciarisation de billets d'infractions qui seraient émis par Industrie Canada.

Le principe est simple. Lorsqu'un inspecteur d'Industrie Canada constate qu'une infraction a été commise à l'encontre d'une loi ou d'un règlement des télécommunications, cet inspecteur peut émettre un billet de constat d'infraction, tout comme le fait la police de la route, par exemple. Comme cet aspect de l'administration de la justice est de compétence provinciale, il fallait qu'IC prenne arrangements avec chacune des provinces afin qu'elles prennent en charge cette administration. La plupart des provinces ont maintenant signé cette entente et durant la dernière année, Industrie Canada a commencé à émettre de ces constats d'infraction.

Vous pouvez donc passer le mot à l'effet qu'IC possède maintenant un outil intéressant dans la lutte aux contrevenants.

Une autre nouvelle d'importance nous est venue d'Ottawa le 19 mai dernier. Ce fut la date où est entrée officiellement en force la réduction de 12 à 5 mots/minute le niveau de compétence en morse nécessaire pour avoir plein accès à toutes les bandes HF. Cette vague de réduction à 5 mots/minute prend de plus en plus d'ampleur. Dernièrement, nous apprenions que les pays du CEPT (organisme de contrôle des règlements des télécoms pour une quarantaine de pays européens et autres) avaient aussi adopté le 5 mots/minute comme standard.

Ici, je voudrais faire un petit aparté pour vous rappeler que cette vague de réduction à 5 mots/minute commença en Angleterre il y a trois ou quatre ans (déjà). En fin d'année 2000, l'Angleterre a introduit un niveau additionnel de licence radioamateur en créant ce qu'ils appellent "a foundation licence ". En gros, c'est un genre de permis d'essais, ne requérant aucun examen et ne permettant d'opérer que sur le VHF et le UHF. Est-ce que ce sera la prochaine vague de changements qui déferlera sur la radioamateur de par le monde? Seul, l'avenir nous le dira mais nous pouvons quand même nous faire une opinion personnelle et commencer à en discuter, non?

Un autre nuage pas mal foncé semble vouloir se pointer à l'horizon de la radioamateur. Alors que plusieurs d'entre-nous croyaient que les bandes HF seraient prochainement évacuées par les stations commerciales à ondes courtes qui migreraient vers les nouvelles technologies satellite, il semble que ces stations soient plutôt intéressées par la diffusion numérique sur les bandes décamétriques et auraient besoin de plages de fréquences plus larges afin d'accommoder leurs nouveaux styles. Ceci, ajouté aux pressions de plus en plus féroces exercées par les entreprises de télécommunications pour obtenir de plus en plus de spectre dans les fréquences au-dessus de 1000Mhz et même en VHF et UHF, fera que les organismes comme RAQI, RAC, ARRL, RSGB et IARU prendront de plus en plus d'importance pour défendre nos droits et nos acquis.

Alors qu'il y a deux ou trois ans nous parlions de défendre nos droits et fréquences afin que nos enfants puissent encore pratiquer la radioamateur, j'en suis à dire que nous devons maintenant défendre nos droits afin que NOUS puissions encore pratiquer notre hobby dans les années à venir.

Soyons réalistes et regardons froidement la situation. Les commerciaux ont des besoins de spectre de plus en plus grand et sont prêts à payer des sommes astronomiques pour s'assurer d'avoir les fréquences qu'ils jugent nécessaires. D'un autre coté, nous avons des plages de fréquences qui nous sont allouées par tout le spectre électromagnétique et énormément de ces bandes sont sous-utilisées pour ne pas dire inutilisées. Il est donc normal que ceux qui ont besoin de fréquences viennent voir dans nos plates-bandes en salivant. Chacun d'entre nous savons maintenant ce que nous avons à faire.

Un autre événement marquant de l'année qui s'achève fut sans contredit l'épisode de mes discussions avec la Sûreté du Québec. Je vous en ai raconté l'histoire dans la dernière revue et n'ai pas l'intention de le refaire ici. Depuis ce temps, j'ai fait parvenir la lettre de désistement comme me l'avait demandé le CA de RAQI tout en suivant certains conseils qui m'avaient été donnés par des gens qui connaissent très bien les rouages gouvernementaux. Je ne sais pas comment se terminera cette page des communications en support aux autorités, mais je vous tiendrai au courant.

Vous savez, plusieurs d'entre-nous aimons travailler à faire des communications en support aux autorités, en situation d'urgence ou non, moi le premier. Nous aimons ça, mais pas au prix de devoir prendre des risques financiers personnellement ou d'être mal protégés si un malheur arrivait. Il est donc très important pour les clubs de voir à ce que les protocoles contenant les couvertures appropriées, soient signés avec les corps publics qui convoitent votre aide. Ne pas le faire pourrait exposer les dirigeants du club à des réclamations. N'oubliez pas que certains ont la poursuite facile de nos jours.

Si vous désirez avoir un ou des exemples de protocole pour vous aider à monter le vôtre, contactez-nous au bureau de RAQI en nous donnant quelques détails sur vos besoins et nous trouverons sûrement une façon de vous aider.

Il ne faut pas oublier que l'année 2001 est aussi celle du 50e anniversaire de votre association provinciale. Dernièrement, un de ceux qui étaient présents à l'assemblée de fondation de RAQI, à Cap Santé près de Québec, en juillet 1951, m'a raconté la raison première qui a mené à la formation de l'association.

Les amateurs du temps voulaient obtenir le privilège de pouvoir arborer leurs indicatifs d'appel sur leurs plaques automobiles et le demandèrent au gouvernement provincial. Il leur fut répondu que le gouvernement n'accorderait ce privilège qu'à la condition que les demandes de plaques ne viennent que d'une seule source. C'est donc pour cette raison que RAQI fut formée en 1951. À ce moment, le siège social était à Québec et ce ne fut que plusieurs années plus tard que le tout a été transféré à Montréal.

Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts depuis et RAQI a été de tous les événements marquants de la radioamateur au Québec depuis. Ces premiers cinquante ans nous semblent avoir passé vite et facilement, lorsque regardés en rétrospective. Quels seront
les événements marquants du prochain demi-siècle ? Impossible de le prédire précisément, mais je ne croirais pas me tromper en disant que ces prochains 50 ans seront probablement beaucoup plus significatifs pour la survie de la radioamateur que les premiers 50. Je vous souhaite, je NOUS souhaite que tous le réalisent et agissent de façon à aider à conserver ce hobby qui nous est cher.

Bonne fête RAQI, bonne fête à tous ses membres et au plaisir de fêter le centenaire ensemble….

Post scriptum:

En 1971, RAQI fêta ses vingt ans. Pour marquer l'occasion, tous les membres reçurent un certificat confirmant qu'ils étaient membre de RAQI en cette année anniversaire. Plusieurs d'entre-vous avez encadré ce certificat et l'avez encore sur un de vos murs. Le Conseil d'Administration de RAQI a récemment décidé de récidiver et vous trouverez votre certificat du cinquantième anniversaire inséré dans la présente revue. Merci à Yvon, VE2AOW pour m'avoir fait connaître l'existence de ce document soulignant le 20e anniversaire.